Soins à domicile et logement temporaire

Quand la date de sortie d’hôpital approche, tout le monde s’agite. On parle pansements, lit médicalisé, passage de l’infirmière. On fait des listes, on appelle la pharmacie, on vérifie la douche. Et puis parfois, il y a un gros hic. Le genre de truc qu’on ne peut pas repousser sous le tapis : le patient ne peut pas rentrer chez lui.

Parce que la maison est trop humide. Parce que l’escalier est impraticable. Parce que le logement est en travaux, ou juste… pas prêt. Ça arrive. Bien plus souvent qu’on ne le pense. Et dans ces moments-là, il faut trouver une autre solution. Rapidement. Temporairement. Mais pas n’importe comment.

C’est là que la question du logement temporaire entre en jeu. Pas pour des mois. Pas pour une vie. Juste pour cette période floue, entre l’hôpital et le retour à soi. Et souvent, c’est le flou total : qui appeler, où aller, comment faire pour continuer les soins ? On fait le point, posément.

Patient dans un hébergement temporaire avec une infirmière

Pourquoi certains patients ne peuvent pas rentrer chez eux tout de suite ?

Le logement n’est pas adapté… ou plus du tout habitable

Dans la pratique, on le voit régulièrement : tout était prêt pour la sortie. Et à la dernière minute, on se rend compte que la salle de bain est à l’étage. Qu’il n’y a pas d’ascenseur. Que le chauffage est en panne depuis décembre. Ou même, que le logement est insalubre : humidité, moisissures, installation électrique bancale…

Et là, ça coince. Parce que les soins à domicile, aussi organisés soient-ils, ne remplacent pas un environnement sécurisé. On ne perfuse pas dans une pièce où le plafond menace de s’effondrer. On ne pose pas un lit médicalisé sur un sol qui gondole.

Alors il faut suspendre le retour. Provisoirement. Et chercher une solution de repli.

Des proches absents, débordés ou pas disponibles

Il y a aussi ces cas où le patient vit seul. Ou avec un conjoint déjà épuisé. Parfois, les enfants travaillent loin. Ou n’ont pas la place, pas la possibilité d’héberger. Ce n’est pas de la mauvaise volonté. C’est juste… compliqué.

Et même si la volonté est là, il y a des situations où le retour chez soi met tout le monde en difficulté. On le sent. Et mieux vaut le dire que de forcer. Parce qu’un retour non sécurisé, c’est souvent une réhospitalisation dans les quinze jours.

Des soins qui demandent encore un peu plus de stabilité

Enfin, il y a les cas où les soins sont trop lourds au départ. Antibiothérapie IV, pansements complexes, oxygénothérapie mal tolérée…
Le médecin prévoit une sortie rapide, mais sur le terrain, on voit bien que le patient n’est pas prêt à affronter seul les premiers jours. Il faudrait quelques jours de plus. Mais à l’hôpital, il faut libérer la chambre.

Alors on cherche une solution temporaire. Une parenthèse sécurisante avant le vrai retour à la maison.

Quelles solutions quand on ne peut pas rentrer chez soi ?

Le SSR : entre soins et transition

Parfois, la meilleure solution, c’est de rester dans le système de soins, mais dans un cadre moins hospitalier. C’est là qu’interviennent les SSR, les structures de soins de suite et de réadaptation. On y est médicalisé, encadré, mais l’objectif reste le même : retour à domicile.

Ce n’est pas toujours facile à obtenir. Les places sont limitées. Il faut que le médecin l’inscrive dans le projet de sortie. Et parfois, la demande est refusée. Mais quand c’est possible, c’est une vraie chance. Parce qu’on peut souffler. On récupère, on se réadapte. Et les proches aussi peuvent reprendre un peu leur souffle.

Et puis, on reste dans un parcours de soins cohérent. Les soignants se passent la main. Le dossier suit.

L’hébergement temporaire en EHPAD : pas que pour les personnes âgées

On pense souvent que l’EHPAD est réservé aux personnes âgées dépendantes. C’est vrai, en majorité. Mais il existe aussi des places en hébergement temporaire, parfois disponibles pour des personnes plus jeunes, dans certaines conditions. Pour un mois. Deux. Le temps d’un aménagement. D’un retour à la normale.

Oui, ça peut surprendre. Oui, ce n’est pas toujours simple à accepter quand on a 45 ou 55 ans. Mais dans certaines situations, c’est la seule solution viable. Un lit, une équipe soignante, une sécurité. En attendant.

Et là encore, ce sont souvent les assistantes sociales qui débloquent ce genre de solution. En lien avec la famille, avec la direction de l’établissement, avec le médecin.

Famille, hébergement solidaire, hôtel : quand on improvise

Et puis, il y a les solutions plus… bricolées. La chambre d’ami chez la sœur. Le canapé chez un ami proche. Le petit hôtel médicalisé si on en trouve un. On sait que ce n’est pas l’idéal. Mais parfois, il n’y a pas d’autre choix.

Dans ce cas-là, il faut organiser les soins autour du lieu temporaire. S’assurer que les infirmiers pourront intervenir. Que le matériel pourra être livré. Que le patient ne sera pas isolé. Ça demande de l’anticipation. De la coordination. Et franchement, ça use.

Mais avec l’aide du PSAD, du médecin traitant, du réseau d’infirmiers libéraux… ça peut fonctionner. Provisoirement. Parce qu’on sait qu’un provisoire qui dure, ce n’est jamais bon.

Les résidences services seniors : une alternative confortable… mais coûteuse

Encore trop peu connues, certaines résidences services comme Domitys ou Les Jardins d’Arcadie proposent des logements meublés, accessibles, disponibles à la semaine ou au mois. Ce n’est pas médicalisé comme un SSR, mais pour des patients encore autonomes, c’est souvent un très bon compromis.

Le cadre est sécurisé (présence 24h/24), les soins à domicile restent possibles (infirmiers libéraux, PSAD), et la restauration peut être assurée. C’est donc une alternative confortable et rapide… à condition d’en avoir les moyens. Comptez en moyenne 1 200 à 2 000 € par mois, selon les services.

Ça reste temporaire. Ça n’est pas accessible à tout le monde. Mais dans une période floue où l’hôpital pousse à la sortie et le domicile n’est pas prêt, ça peut éviter bien des galères.

Les appartements thérapeutiques : entre autonomie et accompagnement

Il existe aussi des structures moins connues, comme les appartements thérapeutiques. Ce sont des logements temporaires destinés à des personnes en transition — souvent après une hospitalisation ou une situation sociale complexe — et qui ont besoin d’un accompagnement médico-social pour se stabiliser.

Ils ne sont pas partout, mais dans certaines villes ou départements, les CHU ou les centres médico-sociaux peuvent proposer ce type de solution. L’idée, c’est d’offrir un cadre de vie plus autonome, tout en conservant un accompagnement social, infirmier ou éducatif selon les besoins.

👉 Ce n’est pas adapté à tout le monde, mais si vous êtes suivi par une assistante sociale à l’hôpital ou par un travailleur social, n’hésitez pas à en parler. Dans certains cas, c’est le bon tremplin pour éviter un retour à domicile inadapté.

Qui peut vous aider à trouver une solution temporaire ?

L’assistante sociale, c’est souvent elle qui débloque les choses

C’est elle qu’on appelle quand on ne sait plus par où commencer. L’assistante sociale de l’hôpital, si la sortie est encore en préparation, ou celle du secteur, une fois rentré — ou plutôt, pas encore rentré.

Elle connaît le terrain. Elle sait quels établissements ont des places, quelles structures acceptent l’hébergement temporaire, quelles démarches enclencher en urgence. Et surtout, elle sait vers qui se tourner quand on est dans l’impasse.

Parfois, c’est elle qui dit à voix haute ce que la famille n’ose pas formuler : que le logement est dangereux, que le conjoint ne peut pas tout gérer, que personne ne peut accueillir pour l’instant. Et rien que ça, déjà, ça soulage.

Elle peut aussi monter un dossier de FSL (Fonds de Solidarité Logement), orienter vers une structure adaptée, proposer un hébergement temporaire en EHPAD ou en résidence autonomie, selon l’état de santé.

Le médecin traitant et les soignants de ville

Souvent oubliés dans ces situations, les soignants de ville peuvent être un vrai relais. Le médecin traitant peut appuyer une demande d’hébergement temporaire, faire un certificat attestant que le retour à domicile est inenvisageable, ou relancer une demande de soins de suite.

Quant à l’infirmier ou l’infirmière à domicile, il ou elle peut faire remonter une alerte, alerter le PSAD, ou orienter vers un service d’aide ou un coordinateur de parcours.

Le point commun ? Ils voient la réalité du terrain. Pas le dossier. Pas le compte-rendu. Le vrai quotidien.

Des dispositifs existent, mais ils ne tombent pas du ciel

Il y a des aides. Il y a des leviers. Mais il faut souvent les chercher, les demander, les justifier.

  • Le FSL, pour financer une solution d’attente.
  • Le DALO, quand le logement est reconnu indécent ou inadapté.
  • Parfois, une aide ponctuelle de la CPAM, sur justificatif médical.
  • Et des associations locales (Croix-Rouge, Fondation Abbé Pierre…) qui peuvent proposer un hébergement d’urgence, ou un appui dans les démarches.

Mais il faut savoir que ça peut prendre du temps. Et que tout repose souvent sur l’énergie d’un proche, ou d’un pro qui croit au dossier. Alors quand on peut, mieux vaut ne pas attendre d’être dans l’impasse pour bouger.

Et les soins à domicile pendant cette période, on fait comment ?

Oui, c’est possible… mais pas automatique

Première chose à savoir : on peut recevoir des soins à domicile même si on n’est pas dans “son” domicile. Le lieu de vie temporaire peut très bien devenir le point de passage de l’infirmière, du kiné, du prestataire de santé à domicile (PSAD).

Mais — parce qu’il y a un mais — il faut que les conditions soient réunies : un espace propre, sécurisé, accessible. Un lieu identifié. Et que les professionnels soient d’accord pour s’y déplacer. Ce n’est pas qu’une question médicale. C’est aussi logistique.

Dans une résidence services ou un EHPAD en hébergement temporaire, c’est souvent plus simple. Les structures connaissent les réseaux. Les soignants peuvent s’adapter. Mais dans un Airbnb, chez une tante, ou à l’hôtel… ça peut coincer.

Il faut organiser les soins en amont, pas au dernier moment

Ce qu’on voit trop souvent ? Le patient sort de l’hôpital, se retrouve hébergé ailleurs, et là… plus personne ne sait qui doit venir, où, quand. L’infirmière est perdue. Le PSAD n’a pas l’adresse. Les soins sont interrompus. Et tout le monde panique.

Pour éviter ça, il faut anticiper. Prévenir les soignants du lieu d’hébergement. Valider leur accord. S’assurer que le matériel pourra être livré. Que les pansements seront faits, que l’antibiothérapie pourra continuer. Sinon, tout tombe.

Et dans le doute ? On appelle le médecin traitant. Ou le coordinateur de soins s’il y en a un. On explique. Et on adapte.

Parfois, on revient en arrière… et ce n’est pas un échec

Il faut aussi le dire : dans certaines situations, les soins à domicile ne peuvent pas suivre. Parce que le lieu n’est pas adapté. Parce que le patient est trop fragile. Parce que la situation évolue.

Et ce n’est pas grave. On peut rebasculer vers un SSR, une HAD (hospitalisation à domicile) s’il y a une structure dispo, ou vers une structure d’accueil temporaire plus adaptée.

Ce n’est pas un échec. Ce n’est pas une régression. C’est juste… une autre étape.

Conclusion : ne rentrez pas à tout prix

Rentrer chez soi, c’est souvent vu comme une victoire. Le symbole que ça va mieux, que l’hôpital, c’est derrière. Mais parfois, ce n’est pas possible. Pas encore. Pas dans de bonnes conditions. Et forcer les choses, c’est prendre le risque de repartir de zéro, voire de faire pire.

Alors il faut le dire : vous avez le droit de ne pas rentrer tout de suite. Le droit de dire que ce n’est pas prêt. Que c’est trop. Que ce n’est pas vivable, ni pour vous, ni pour vos proches.

Il existe des alternatives. Des relais. Des aides. Des professionnels qui peuvent vous accompagner. Ce n’est pas simple, non. Mais c’est possible.

👉 Si vous êtes concerné, ou si c’est pour un proche, n’attendez pas que la situation devienne critique. Parlez-en. À l’hôpital. À l’infirmier. À l’assistante sociale. Mieux vaut trois jours de plus dans un lieu transitoire qu’un retour précipité qui explose tout.

C’est quoi un hébergement temporaire ?

C’est un logement proposé pour une courte période (jours à quelques mois), le temps que la personne puisse retourner chez elle dans de bonnes conditions.

Quelle est la durée maximale d’un hébergement temporaire en EHPAD ?

En général, 3 mois maximum, renouvelables une fois. Cela dépend des places disponibles et de la situation médicale.

Puis-je recevoir des soins à domicile si je ne suis pas chez moi ?

Oui, si les conditions sont réunies (lieu accessible, propre, professionnels disponibles). À organiser en amont avec les soignants.

Quelle est la définition d’un logement temporaire ?

C’est un lieu d’hébergement non définitif, utilisé en relais entre deux situations stables (souvent entre hôpital et domicile).

Qui finance l’accueil temporaire ?

Cela dépend : FSL, aide sociale, mutuelle, ou reste à charge personnel. Une assistante sociale peut vous aider à monter un dossier.

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