Quand on sort de l’hôpital, on pense surtout aux soins. À la fatigue. À comment on va faire sans l’aide des soignants 24h/24. Mais il y a un truc qu’on oublie souvent : l’état de son logement. Et franchement, ça peut tout changer.
Parce que parfois, rentrer chez soi, ce n’est pas une bonne nouvelle. Surtout quand ce « chez soi », c’est un logement insalubre. Trop humide, trop petit, pas aux normes… voire dangereux. Et là, c’est tout le projet de retour à la maison qui vacille.
Mais bonne nouvelle : on peut anticiper, s’entourer, agir. Même quand la situation est critique. Voyons ça ensemble.

Pourquoi un logement insalubre complique autant le retour après hospitalisation
Ce qu’on constate souvent sur le terrain
Des murs couverts de moisissures, une douche sans barre d’appui, une chambre sans chauffage, un escalier raide comme une échelle… C’est ça, la réalité de certains logements insalubres. Et pourtant, c’est là qu’on envoie des patients en convalescence. Tous les jours.
Dans la pratique, on voit des patients avec oxygène ou perfusion obligés de dormir dans leur salon, faute de chambre accessible. Ou des aidants qui portent leur proche dans les escaliers parce que l’ascenseur est hors service depuis 6 mois. C’est pas rare. Et c’est pas tenable.
Quand c’est le logement lui-même qui vous empêche de guérir
Un logement insalubre, ce n’est pas juste « pas pratique ». C’est souvent un frein à la guérison.
Pourquoi ? Parce que l’humidité aggrave les troubles respiratoires. Parce que le manque d’espace empêche l’installation du matériel médical. Parce que l’insécurité (sols glissants, fils électriques à nu) fait peser un risque de chute. Et qu’au moindre pépin… retour aux urgences.
Et puis il y a l’usure psychologique. L’isolement. La honte de recevoir les soignants dans un appartement qu’on n’ose plus montrer. Tout ça pèse. Lourd.
Que faire immédiatement si vous rentrez dans un logement insalubre
Les petits gestes qui changent un peu les choses
Bon, soyons honnêtes : on ne transforme pas un logement insalubre en palace avec trois astuces. Mais on peut limiter les dégâts. Et parfois, ça suffit à tenir le temps de trouver mieux.
- Aérer deux fois par jour, même en hiver (10-15 minutes)
- Poser un tapis antidérapant dans la douche (moins de 20 €)
- Utiliser un déshumidificateur (entre 80 et 150 € à l’achat)
- Déplacer le lit dans la pièce la moins humide
- Ajouter une lampe d’appoint dans les zones sombres
- Éviter les tapis épais qui gardent l’humidité
C’est du système D, on est d’accord. Mais ça peut éviter une chute, une infection ou une réhospitalisation.
Alerter le PSAD pendant l’installation du matériel
Le prestataire de santé à domicile (PSAD) est souvent le premier à voir l’état réel du logement. Quand il installe un lit médicalisé ou une perfusion, il repère vite les problèmes.
Et là, il faut en parler. Sans honte. Sans détour. « C’est humide », « On ne peut pas circuler », « Les prises sont défectueuses ». Ces infos, le PSAD peut les transmettre à l’infirmier, au médecin ou à l’assistante sociale. C’est une porte d’entrée pour alerter. Et ça, ça marche.
Aides et accompagnements pour ceux qui vivent dans un logement insalubre
L’ergothérapeute : un œil expert… chez vous
Peut-être que vous ne le saviez pas, mais l’ergothérapeute peut venir chez vous. Et pas pour juger, non. Pour observer, repérer les dangers, proposer des adaptations concrètes.
Dans un logement insalubre, il peut :
- Constater les risques (chutes, humidité, circulation impossible)
- Recommander des équipements adaptés (barres, rehausseurs, etc.)
- Rédiger un rapport utile pour demander une aide ou un relogement
Et ça change tout. Ce regard pro, neutre, humain, il pèse dans un dossier. Il aide à faire bouger les choses. Parfois, c’est même l’élément déclencheur d’une vraie solution.
Quels pros contacter ?
Ne restez pas seul. Il y a des personnes dont c’est le métier de vous accompagner :
- L’assistante sociale de l’hôpital (avant la sortie) ou de votre secteur
- Le service autonomie de votre mairie
- L’équipe de coordination HAD si vous êtes en hospitalisation à domicile
- Votre médecin traitant, qui peut appuyer une demande d’intervention
D’ailleurs, on voit souvent que les démarches bloquent moins quand elles sont portées par un pro de santé. À tort ou à raison, c’est comme ça.
Dispositifs et aides financières en cas de logement insalubre
Ce qui peut être mobilisé
- FSL (Fonds de Solidarité Logement) : pour financer des travaux d’urgence ou un hébergement temporaire
- APA : pour les personnes âgées en perte d’autonomie (financement d’aménagements ou d’aide humaine)
- PCH : pour les personnes handicapées (peut couvrir certains frais d’aménagement)
- ANAH : aide publique pour rénover un logement insalubre (jusqu’à 50 % des travaux, parfois plus)
C’est pas automatique. Il faut remplir des dossiers. Attendre des réponses. Parfois relancer. Mais ça vaut le coup. Parce qu’à la clé, c’est une vie plus digne. Et un soin vraiment possible.
Les pièges à éviter
- Attendre que tout soit en place pour demander de l’aide (trop tard)
- Ne pas faire constater les problèmes par un pro (sans preuve, pas d’action)
- Se dire « je n’y ai sûrement pas droit » (faux dans 90 % des cas)
Et quand la situation devient critique
Signaler un logement insalubre : comment et à qui ?
Quand la santé est en jeu, il faut parfois passer à l’étape supérieure :
- Mairie (service hygiène et logement indigne)
- ARS si le logement compromet la santé du patient
- Préfecture pour un recours DALO (Droit Au Logement Opposable)
Vous pouvez faire le signalement vous-même, mais être accompagné (par une AS ou une association) est plus efficace. Et moins stressant aussi.
Solutions d’urgence si vous ne pouvez pas rentrer
- Hébergement temporaire en EHPAD, SSR ou résidence autonomie
- Famille, amis, si l’accueil est possible
- 115 pour une mise à l’abri rapide en cas d’extrême urgence
Personne ne veut quitter son chez-soi, même insalubre. Mais parfois, c’est le seul moyen de ne pas replonger. Et c’est temporaire. Le but reste le retour, mais dans de bonnes conditions.
En parler, c’est parfois le plus difficile
La honte, le silence, l’autocensure
On n’en parle pas assez, mais vivre dans un logement insalubre, c’est aussi vivre avec un poids. Celui de la honte. Du silence. De cette petite voix qui dit “c’est pas si grave”, “je vais me débrouiller”, “j’ai pas envie qu’on voie ça”.
Beaucoup de gens n’osent pas. Ils cachent. Ils nettoient en vitesse avant la visite de l’infirmière. Ils posent une serviette sur la tâche d’humidité. Ils disent que les odeurs, c’est « le vieux parquet ». Parce que reconnaître que son logement est indigne, c’est dur. Ça renvoie à un sentiment d’échec, parfois de culpabilité. Et pourtant… ce n’est pas de votre faute.
Ce n’est pas un manque de volonté, ce n’est pas un manque d’hygiène. C’est souvent un manque de moyens, de soutien, d’alternatives.
Et on comprend. Vraiment. Mais en parler, même juste une phrase, ça peut tout changer. Un médecin qui entend. Une AS qui propose une aide. Un kiné qui alerte. Ce sont ces petits déclics-là qui débloquent les dossiers, les relogements, les solutions.
Et non, ce n’est pas se plaindre. Ce n’est pas abuser. C’est refuser de vivre dans l’invisible.
Conclusion : un logement insalubre n’est pas une fatalité
Un retour à domicile réussi, ce n’est pas juste des soins bien organisés. C’est aussi un lieu de vie sain, sécurisé, accueillant. Et quand le logement est insalubre, il faut avoir le courage de le dire. De chercher de l’aide. De refuser la résignation.
L’ergothérapeute peut vous aider. Le PSAD peut signaler. L’assistante sociale peut débloquer un financement. Il y a des ressources, même si elles sont parfois dures à activer.
👉 Si vous ou un proche êtes concerné, ne restez pas seul. Parlez-en. Faites-vous accompagner. Et surtout : gardez en tête que ce n’est pas normal… mais que ce n’est pas une impasse.
FAQ – Logement insalubre et retour à domicile
Oui. S’il est jugé dangereux, le retour peut être suspendu jusqu’à amélioration ou relogement temporaire.
Oui, il peut se déplacer à domicile et dresser un constat utile pour appuyer un dossier de relogement.
Contactez une assistante sociale, votre médecin traitant, ou le service autonomie de votre mairie.
Oui. Les prestataires peuvent relayer les problèmes aux soignants ou aux services sociaux.
FSL, APA, PCH, ANAH… selon votre situation. Parfois combinables.