Retour à domicile après une Fracture du col du fémur

Revenir chez soi après une fracture du col du fémur, ce n’est pas simplement quitter l’hôpital. C’est réapprendre à vivre dans un environnement devenu moins évident, parfois même hostile. Ce retour peut être vécu comme un soulagement, de retrouver son lit, ses repères, son chat, sa télévision. Mais c’est aussi une source d’angoisse : peur de tomber, fatigue persistante, autonomie réduite.

On n’en parle pas toujours assez, mais la vraie rééducation commence souvent une fois à la maison. Et c’est là que tout peut basculer. Soit dans le bon sens — récupération progressive, autonomie retrouvée — soit dans le mauvais : rechute, chute, isolement, nouvelle hospitalisation.

Alors comment éviter ça ? En préparant chaque détail. En s’entourant. Et en acceptant que non, ce ne sera pas exactement comme avant… mais que ça peut redevenir bien.

Retour à domicile après fracture col du fémur

Sécuriser le logement : penser “prévention” avant “esthétique”

Le logement, c’est votre cocon. Mais après une fracture du col du fémur, c’est aussi le premier risque de rechute. Le danger est partout : un tapis mal fixé, une lampe inaccessible, une marche oubliée.

Une étape simple mais puissante consiste à réaliser un diagnostic du domicile, pièce par pièce. Cela peut être fait par un proche, ou mieux encore par un ergothérapeute. Certains hôpitaux peuvent proposer cette visite dans le cadre du retour à domicile, et certaines mutuelles ou départements la prennent en charge.

Voici quelques questions essentielles à se poser :

  • Le lit est-il accessible sans effort ?
  • Faut-il traverser tout le couloir pour aller aux toilettes ?
  • Y a-t-il une chaise dans la douche ? Une barre d’appui ?
  • Le téléphone est-il toujours à portée de main ?
  • L’éclairage est-il suffisant la nuit pour éviter les chutes au lever ?

Un logement bien pensé peut faire gagner des mois d’autonomie. À l’inverse, un retour précipité dans un environnement non adapté peut provoquer une rechute dès les premières 72h.

Installer le bon matériel, sans se transformer en hôpital

Lit médicalisé, fauteuil releveur, déambulateur, rehausseur de WC… tout cela peut sembler intrusif au début. Mais il ne s’agit pas de médicaliser à outrance. Il s’agit de retrouver un quotidien plus fluide, plus sûr, et surtout plus confortable.

Heureusement, on n’a pas à tout acheter. Le matériel peut être loué via un PSAD (prestataire de santé à domicile) ou même une pharmacie, sur prescription médicale. Le plus important, c’est d’anticiper la livraison : ne pas attendre le retour pour s’en préoccuper.

Exemple concret : si la chambre est à l’étage et que les escaliers sont trop raides, on peut temporairement installer le lit dans le salon. C’est une solution provisoire, mais qui évite une chute dès la première nuit.

Soins infirmiers et rééducation : ne pas laisser de blanc

Le retour à domicile ne doit jamais signifier l’arrêt brutal des soins. Bien au contraire. C’est souvent à ce moment que les soins sont les plus nombreux… et les plus indispensables.

Il faut donc que tout soit prêt :

  • L’infirmier·e libéral·e contacté·e en amont
  • Une ordonnance complète et lisible
  • Une trousse avec tout le nécessaire pour les pansements
  • Les injections d’anticoagulants, souvent quotidiennes au début
  • Le suivi de la cicatrice et de la douleur

Et bien sûr, la kinésithérapie. Dès le retour, même si la personne est encore faible. Chaque jour compte pour prévenir la fonte musculaire, l’enraidissement articulaire, la perte de confiance. Un kiné à domicile pourra travailler au lit, sur chaise, ou à la barre de marche. Ensuite, un passage en cabinet ou en centre peut prendre le relais.

L’inaction est l’ennemi n°1 de la récupération. Même s’il faut y aller doucement, il faut y aller.

Ne pas tout faire reposer sur les proches

La famille est souvent présente au moment du retour. Et c’est précieux. Mais attention : les proches ne peuvent pas tout assumer. Par manque de temps, de formation, ou parfois simplement d’énergie.

Il faut oser demander une aide à domicile. Pour les repas, la toilette, le ménage, les courses. Cela ne veut pas dire “laisser tomber la personne”. Cela veut dire se donner les moyens de bien l’accompagner, sans s’épuiser.

Des aides existent : l’APA pour les plus de 60 ans, les aides ponctuelles des caisses de retraite, les dispositifs d’urgence des mutuelles. L’assistante sociale de l’hôpital peut souvent aider à faire les demandes avant la sortie.

Surveiller l’état physique… mais aussi mental

Une chute, une opération, un passage à l’hôpital, c’est aussi un traumatisme. Le corps trinque, bien sûr. Mais le moral aussi. Et c’est souvent le moral qui va dicter la suite de la récupération.

Après le retour à domicile, il faut rester attentif :

  • Perte d’appétit
  • Isolement
  • Trouble du sommeil
  • Fatigue anormale
  • Baisse de participation aux soins ou à la rééducation

Ces signaux ne doivent pas être ignorés. Parfois, une simple visite régulière d’un proche ou d’un professionnel suffit à relancer la dynamique. D’autres fois, une psychologue peut intervenir à domicile, ou une évaluation gériatrique être proposée.

L’objectif est simple : ne pas laisser la spirale négative s’installer. Car une rechute, ce n’est pas toujours une nouvelle chute. C’est parfois juste un abandon, lent et silencieux.

Prévenir les rechutes sur le long terme

Enfin, il faut penser au moyen terme. Une fracture du col du fémur est souvent le signe d’une fragilité osseuse. Et donc d’un risque de rechute élevé si rien n’est mis en place.

Il faut donc :

  • Traiter l’ostéoporose si besoin (bilan, traitement)
  • Optimiser l’apport en vitamine D et calcium
  • Reprendre une activité physique adaptée, encadrée
  • Évaluer la vision, l’équilibre, l’aménagement du domicile
  • S’assurer que les traitements médicamenteux ne favorisent pas la chute (somnifères, hypotenseurs…)

C’est un vrai travail d’équipe, entre le médecin traitant, le pharmacien, le kiné, l’infirmier·e et la famille. Mais ça en vaut la peine. Parce qu’éviter une deuxième fracture, c’est préserver des mois, voire des années d’autonomie.

Conclusion : reconstruire, pas juste rentrer

Le retour à domicile après une fracture du col du fémur, c’est bien plus qu’un simple retour. C’est un tournant. Une période à haut risque, mais aussi une opportunité de repenser le quotidien, d’améliorer le confort, de renforcer l’autonomie.

Avec de l’écoute, des soins bien coordonnés, un environnement adapté et un entourage vigilant, ce retour peut devenir une véritable étape de reconstruction. Une reconstruction pas à pas, dans le bon sens du terme.

Pour ne rien oublier lors de votre retour à domicile, voici une liste des choses à ne pas oublier à télécharger en cliquant ici.

FAQ Retour à domicile après fracture col du fémur

Peut-on rentrer chez soi directement après l’opération ?

Oui, dans certains cas. Mais cela nécessite un bon niveau d’autonomie, un logement adapté, et une organisation en béton pour les soins et la rééducation.

Faut-il faire appel à un PSAD pour tout ?

Pas forcément. Le matériel peut aussi être fourni par la pharmacie. Mais les PSAD permettent d’avoir un interlocuteur unique pour le matériel, les livraisons, la coordination des soins, etc.

Un ergothérapeute est-il obligatoire ?

Non. Mais il peut vraiment aider à sécuriser le domicile, surtout quand il y a des escaliers, une salle de bain peu pratique ou un risque de chute important.

Comment éviter une rechute à long terme ?

En gardant une activité physique adaptée, en corrigeant les carences (vitamine D, calcium), en traitant l’ostéoporose, et en surveillant l’état général. Le suivi ne s’arrête pas à la sortie.

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