Des métiers invisibles, il y en a plein. Mais celui d’infirmier en PSAD (prestataire de santé à domicile), c’est peut-être le champion toutes catégories. Ni blouse blanche, ni stéthoscope autour du cou. Juste une voiture, un téléphone qui sonne sans arrêt, et un coffre rempli de matériel médical “au cas où”.
Parce que quand monsieur Dupont sort de cardio à 18h30 un vendredi avec sa perfusion à domicile, il faut que quelqu’un soit là avant 20h. Pas pour faire le pansement ou poser la perf’ — ça, ce sera l’infirmier libéral. Non, pour que tout soit prêt, bien installé, fonctionnel. Pour que monsieur Dupont rentre chez lui sans stress, et qu’il évite un retour aux urgences lundi matin.
Et ce quelqu’un, c’est lui : l’infirmier PSAD. Celui qui anticipe, qui organise, qui rassure. Celui qu’on ne voit pas toujours… mais sans qui rien ne tient.

Le métier d’infirmier PSAD : un bureau à quatre roues
Ni hôpital, ni cabinet : un ovni professionnel dans les soins à domicile
Essayez d’expliquer à votre belle-mère ce que vous faites : « Je suis infirmier, mais je ne fais pas de piqûres. Je gère des pompes à perfusion, mais je ne les branche pas. Je forme des collègues sur du matériel médical que je n’utilise pas. »
Bienvenue dans le monde merveilleux du PSAD (prestataire de santé à domicile).
Votre vraie compétence ? Savoir que madame Martin a peur des machines qui bippent, que l’IDEL (infirmier libéral) du secteur 12 ne maîtrise pas les pompes à perfusion, et que le médecin traitant ne sait pas encore que son patient rentre à la maison.
Le paradoxe du « non-soignant » expert en soins à domicile
C’est ça, le truc : vous ne touchez jamais le patient. Mais il faut que vous sachiez TOUT faire. Perfusion centrale, nutrition entérale, oxygénothérapie, pompe à insuline… Parce que si vous ne pigez pas, comment voulez-vous expliquer à l’IDEL qui débarque pour la première fois ?
Et quand le fils de la patiente vous demande pourquoi la pompe fait ce bruit bizarre à 23h, vous n’avez pas le droit de répondre « j’sais pas, appelez demain ».
Coordination des soins : chef d’orchestre d’un ensemble qui ne se connaît pas
Le téléphone qui chauffe : coordination PSAD au quotidien
Votre journée type ? 16h : appel du service de pneumo, sortie d’hospitalisation prévue à 18h. 16h30 : l’IDEL du secteur est en arrêt maladie ou ne peut pas prendre le patient dans sa tournée surchargée. 17h30 : la pharmacie ne peut pas livrer les médicaments chez le patient. 19h : la patient n’est toujours pas sorti. 19h30 : la famille appelle, elle panique…
Et tout ça en pensant aux sorties de demain.
Vous passez votre temps à faire le lien entre des gens qui ne se parlent pas souvent (Sauf cas exceptionnel) : le cardiologue qui prescrit, l’IDEL qui exécute, la pharmacie qui livre, la famille qui s’angoisse. Vous êtes le seul à avoir la vision d’ensemble de cette prise en charge à domicile.
L’art de rassurer tout le monde dans les soins à domicile
Le médecin : « Vous êtes sûr que votre IDEL maîtrise ? » L’infirmier libéral : « Un Picc-line ? Ce truc, j’ai jamais vu, vous pouvez repasser ? » La famille : « Il paraît que c’est dangereux à la maison ? » Le patient : « Personne ne m’a rien expliqué… »
Et vous, au milieu, avec votre plus beau sourire : « Tout va bien se passer, j’ai l’habitude. » Même si c’est la première fois que vous voyez cette pompe à perfusion de l’espace.
Matériel médical : MacGyver du PSAD
Le coffre magique du prestataire de santé à domicile
Votre voiture, c’est votre base arrière. Dedans : des seringues (toutes les tailles), des tubulures (toutes les marques), des diffuseurs (tous les formats), du sparadrap, des compresses, un tire-bouchon (non, ça c’est personnel), et la notice de tous les appareils médicaux inventés depuis 1995.
Parce que Murphy avait raison : ce qui peut merder va merder. Et toujours le vendredi à 17h45.
Formation IDEL : formateur express en matériel médical
« Alors, regardez, vous prenez la seringue, vous la mettez là, vous appuyez ici, et surtout PAS là sinon ça fait bip-bip-bip et la patiente va paniquer. »
Voilà, en 30 secondes, vous venez de faire une formation IDEL sur un dispositif qu’elle n’avait jamais vu. Et dans 2h, elle doit être autonome dessus. No pressure.
Le truc, c’est d’adapter son discours. Avec Brigitte, 30 ans d’expérience, on va direct à l’essentiel. Avec Kevin, jeune diplômé qui stresse, on prend le temps, on rassure, on refait une démonstration.
Astreinte PSAD : l’urgence, votre quotidien
18h30, sortie d’hôpital imprévue
Ça sonne. Service de gastro : « On a un patient avec une nutrition entérale, il sort maintenant, il faut que ce soit branché ce soir. »
Maintenant ? MAINTENANT ?
Vous regardez votre GPS : 45 minutes de route. Vous appelez l’IDEL de garde : « T’es où ? » Vous vérifiez que vous avez le bon matériel médical dans le coffre. Et vous y allez. Parce que c’est ça ou le patient décompense.
Après, on ne va pas se le cacher, c’est aussi ça l’intérêt de ce travail. On ne sait pas de quoi demain est fait, il y a toujours des surprises. Bref, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. On évite l’ennui, la routine… Que demander de plus ?
On peut avoir des journées sans appels et le lendemain 3 sorties. C’est le charme du métier. Si ton employeur est carré, tu pourras parfois rentrer chez toi à 16h car parfois il faudra pousser un peu le soir et faire quelques heures supplémentaires.
Astreinte 24h/24 : la vraie vie du PSAD
2h du matin, téléphone. Pompe en panne, elle ne fait que sonner depuis 2 heures et l’infirmière vient à peine d’arriver.
Vous répondez au téléphone et essayez de régler le problème à distance. Au pire des cas, vous devez prendre votre voiture et vous rendre sur place. Parce que « j’assure l’astreinte » ça veut dire ça : être opérationnel H24. Même en pyjama.
Et le lendemain, vous enchaînez votre journée normale. Comme si de rien n’était. Heureusement, les astreintes, ce n’est pas tous les jours ou toutes les semaines, il y a un turn-over.
Compte-rendu médical : le roi de la traçabilité
Écrire pour rassurer les prescripteurs
Après chaque intervention, vous rédigez votre compte-rendu. Pas pour faire joli, mais parce que le médecin qui a prescrit veut savoir si son patient est bien pris en charge. Et parce que si ça se passe mal, il faut des traces.
« Installation réalisée le 15/03 à 14h30. Formation de Mme Durand (IDEL) effectuée sur la pompe. Patiente autonome pour surveillance. Famille rassurée. RAS à ce jour. »
Trois lignes qui en disent long. Et qui rassurent le prescripteur : « Ok, ils maîtrisent, je peux leur faire confiance. »
La trace écrite qui sauve en soins à domicile
Parce que quand ça se passe mal (et ça arrive), le médecin ne vous demande pas : « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Il vous demande : « Qu’est-ce que vous avez écrit ? »
Et là, vous êtes content d’avoir pris le temps de noter que l’IDEL maîtrisait, que la famille avait compris, que le matériel médical fonctionnait. Votre compte-rendu, c’est votre assurance-vie professionnelle.
Rôle commercial PSAD : vendeur grâce à vos connaissances
Aller voir les médecins (sans en avoir l’air)
Dans certains PSAD, on vous demande d’aller « dire bonjour » aux médecins. Officiellement, c’est pour « maintenir le lien ». Officieusement, c’est pour qu’ils pensent à vous quand ils ont un patient à sortir.
Sauf que vous n’êtes pas commercial. Vous êtes infirmier. Alors vous y allez avec vos compétences : vous parlez soins, vous rassurez sur la qualité, vous montrez que vous maîtrisez. Et bizarrement, ça marche mieux qu’un argumentaire tout fait.
Le binôme infirmier-commercial en PSAD
Parfois, vous accompagnez le commercial de la boîte. Lui, il vend la prestation. Vous, vous expliquez comment ça se passe concrètement. « Le patient, il aura peur de la pompe. Nous, on prend le temps de lui expliquer. Et si ça beep la nuit, on décroche. »
Le médecin comprend. Parce que vous parlez sa langue. Et parce qu’il sait que derrière les belles promesses, il y a quelqu’un de compétent sur le terrain.
Soins à domicile : dans l’intimité des patients
200 km par jour : la mobilité du PSAD
Votre secteur ? Trois départements. Votre bureau ? L’autoroute A6. Votre pause déjeuner ? Un sandwich dans la voiture entre deux patients.
Vous connaissez tous les raccourcis, tous les parkings, tous les ascenseurs en panne. Vous savez qu’au 3ème étage sans ascenseur, il faut prendre la pompe légère. Et qu’à la campagne, il faut toujours prévoir un câble plus long.
Le lien humain qui change tout dans les soins à domicile
Ce que les patients retiennent, c’est rarement la marque de la pompe. C’est la personne qui a pris le temps. Qui a écouté leurs craintes. Qui a expliqué sans les prendre pour des idiots.
Vous connaissez l’histoire de Germaine qui refuse qu’on touche à « son » fauteuil pour installer la pompe. Vous savez que Marcel va vous proposer un café et que sa femme va vous montrer les photos de ses petits-enfants. C’est ça aussi, votre métier d’infirmier PSAD : créer du lien dans un moment de fragilité.
Toujours prévoir le plan B (et C, et D)
Dans votre coffre, il y a le matériel médical prévu. Mais aussi celui « au cas où ». Parce que la tubulure standard ne passe pas dans le pied à perfusion du patient. Parce que les piles du pousse-seringue sont mortes. Parce que l’adaptateur secteur a disparu.
Vous êtes MacGyver. Avec une blouse et une ordonnance.
Formation et salaire infirmier PSAD : ce qu’il faut savoir
Comment devenir infirmier PSAD ? La formation requise
Pour faire ce métier, il faut déjà être infirmier diplômé d’État (IDE). Ça, c’est la base. Bac+3, concours d’entrée, 3 ans d’école d’infirmière, stage, mémoire, tout le tralala.
Mais après ? Eh bien, on vous forme sur le tas. Parce qu’à l’école d’infirmières, on ne vous apprend pas à former une IDEL sur une pompe à nutrition entérale dans un salon de 12m² avec le chien qui aboie.
Certains PSAD font de vraies formations internes. D’autres vous lâchent avec un collègue pendant 2 semaines en vous disant « tu verras, c’est pas sorcier ». Spoiler alert : ça l’est parfois.
Formation continue obligatoire aussi. Parce que le matériel médical évolue, les protocoles changent, et que vous ne pouvez pas vous permettre de dire « ah, cette pompe, je la connais pas ».
Les qualités indispensables pour réussir
Au-delà du diplôme, ce métier demande des qualités personnelles bien spécifiques qu’on n’enseigne pas à l’école. La patience, d’abord. Parce que vous allez passer du temps à expliquer, ré-expliquer, rassurer. L’adaptabilité ensuite : chaque patient, chaque famille, chaque situation est différente. Impossible de faire du copier-coller.
Le sens de l’organisation est crucial aussi. Vous jonglez avec les urgences, les plannings, les stocks de matériel, les formations à prévoir. Sans méthode, vous êtes mort. Et puis il faut une bonne résistance au stress : quand ça sonne à 2h du matin, il faut être opérationnel rapidement.
Dernière qualité, et pas des moindres : savoir communiquer. Avec les patients apeurés, les familles angoissées, les médecins pressés, les IDEL débordées. Vous passez votre temps à traduire, expliquer, rassurer. Si vous n’aimez pas le contact humain, passez votre chemin.
Salaire infirmier PSAD : entre 2800 et 4000€ brut
Parlons cash. Un infirmier PSAD débutant, c’est environ 2800€ brut par mois. Avec l’expérience et selon la région, ça monte à 3500-4000€ brut. Cela dépend aussi si vous avez un rôle commercial et que vous générez du CA pour votre entreprise. Il y a aussi les primes d’objectifs qui sont plus ou moins importantes en fonction de la taille de l’agence et du PSAD.
Mais attention : ces chiffres incluent souvent les primes d’astreinte et les heures supplémentaires.
Il y a aussi, et ce n’est pas négligeable, une voiture de fonction, parce que vous passez beaucoup de temps sur la route. Cela n’est pas du salaire à proprement parlé, mais ca fait réaliser pas mal d’économie. Entre essence, pneus, entretien, réparation… Tout est pris en charge. Mis bout à bout, quand on n’a pas de frais de véhicule, c’est assez important.
Astreinte PSAD : comptez 100-200€ par weekend d’astreinte. Mais c’est H24, et vous êtes réveillé à 3h du mat’, alors c’est pas du vol.
Comparé à un poste hospitalier classique ? Le salaire peut être parfois plus attractif. Mais il ne faut pas oublier que c’est un tout autre métier. Adieu les soins techniques, et pour certains, ce n’est pas concevable. Etre infirmier, c’est aussi faire des prises de sang, poser des perfusions. Il y en a à qui ça manque, d’autres pas du tout.
Maintenant que vous cernez mieux le métier et ses exigences, parlons du choix crucial de l’employeur.
Bien choisir son employeur PSAD
Toutes les entreprises PSAD ne se valent pas
Ce n’est pas écrit sur les murs, mais tu le sens vite. Un bon PSAD, ce n’est pas juste une question de marque ou de promesses. C’est un cadre qui te respecte, qui comprend ton quotidien d’infirmier·e sur la route, et qui sait que ton temps n’est pas extensible. La fameuse balance vie privée/vie professionnelle.
Le vrai révélateur, ce sont les petits détails du quotidien : est-ce que quelqu’un décroche quand tu as un soucis ? Est-ce que le matériel est prêt à temps, complet, bien étiqueté ? Est-ce qu’on te demande ton avis sur les pratiques ? Est-ce qu’on te soutient quand tu es en difficulté avec un patient ou un médecin ?
Avant de t’engager, oublie les beaux discours et pose des questions concrètes :
– Qui gère l’astreinte les soirs et week-ends ? (Si c’est toi toutes les semaines, c’est invivable)
– Est-ce qu’on te forme vraiment avant de te lancer ? (C’est hyper important, ça ne s’improvise pas)
– Y a-t-il une vraie équipe derrière toi, ou tu es seul sur le terrain ?
Ce sont ces réponses-là qui donnent le ton. Parce qu’un bon PSAD, ça se reconnaît à l’usage… et à la manière dont il traite les soignants. Aussi bien que les patients pris en charge en sortie d’hôpital :).
Autonomie oui, mais avec un filet de sécurité
Travailler comme infirmier en PSAD, c’est avoir une vraie liberté d’action. Tu organises ta journée, tu gères les imprévus, tu construis une relation directe avec les patients. Cette autonomie, c’est une force — elle te permet d’aller vite, de faire juste, et souvent mieux que dans des cadres plus rigides.
Mais ce n’est pas une aventure en solitaire. Derrière cette liberté, il faut un filet solide : une équipe qui répond quand tu appelles, du matériel prêt quand tu en as besoin, des collègues avec qui tu peux échanger en cas de doute. Et quand ce soutien est là, tout devient plus fluide, plus agréable. Tu fais ton métier sereinement, même dans les situations tendues.
Un bon PSAD, c’est ça : te laisser de l’espace, tout en assurant tes arrières. Et c’est cette combinaison qui donne envie de rester.
Avenir du métier infirmier PSAD
Les soins à domicile explosent : opportunités d’emploi
Vieillissement de la population, hôpitaux saturés, volonté des patients de rester chez eux… Tous les signaux sont au vert pour les soins à domicile. Et donc pour votre métier d’infirmier PSAD.
Vous êtes au bon endroit au bon moment. Dans 10 ans, il y aura encore plus besoin de gens comme vous. Des gens qui savent faire le lien, qui maîtrisent la technique, qui rassurent les familles.
Évolution de carrière possible aussi : responsable d’équipe, formateur, expert technique… Le secteur recrute et offre des perspectives.
Un métier avec du sens dans les soins à domicile
Contrairement à ce qu’on peut croire, ce métier d’infirmier PSAD a du sens. Énormément de sens. Vous permettez aux gens de se soigner chez eux, dans leurs habitudes, avec leurs proches. Vous évitez des hospitalisations inutiles. Vous rassurez des familles paniquées.
Et même si vous ne « soignez » pas directement, vous rendez les soins à domicile possibles. C’est énorme.
Conclusion : l’art de l’invisible en santé à domicile
Infirmier en PSAD, c’est un métier de l’ombre. Vous n’avez pas de patients attitrés, pas de bureau avec votre nom dessus, pas de reconnaissance médiatique.
Mais vous avez quelque chose d’unique : vous êtes le maillon qui permet que tout se passe bien dans les soins à domicile. Sans vous, monsieur Dupont retourne aux urgences. Sans vous, l’IDEL panique sur une pompe qu’elle ne connaît pas. Sans vous, le médecin n’ose plus prescrire de soins à domicile.
Vous êtes l’huile dans les rouages. Indispensable, mais invisible.
Alors oui, vous passez votre vie en voiture. Oui, vous vous levez la nuit pour des urgences. Oui, vous gérez des situations impossibles avec des moyens de fortune.
Mais vous savez quoi ? À la fin de la journée, vous vous dites que grâce à vous, des gens se soignent chez eux. Dans de bonnes conditions. En sécurité.
Et ça, ça n’a pas de prix.
Vous aimez les défis ? Vous n’avez pas peur de la route ? Vous savez parler aux gens ? Alors bienvenue dans ce métier d’infirmier PSAD pas comme les autres.
Un métier où l’on tisse, dans l’ombre, les fils invisibles qui permettent aux soins à domicile d’exister.
FAQ Infirmier PSAD :
Entre 2800€ et 4000€ brut selon l’expérience et les primes
Diplôme d’infirmier (IDE) + formation interne
Coordination et installation de matériel médical à domicile
Autonomie et sens vs astreintes et déplacements