HAD. PSAD.
Pour beaucoup, ce sont juste des sigles de plus dans un parcours déjà compliqué. Vous sortez de l’hôpital, un médecin parle “d’hospitalisation à domicile”, un autre vous dit “c’est un prestataire de santé”, et soudain, on ne sait plus trop ce qu’on organise. Est-ce la même chose ? Est-ce qu’on peut choisir ?
La vérité ? Non, ce n’est pas la même chose. Et si la confusion existe, c’est parce que les deux parlent de soins à domicile… mais pas du tout avec la même philosophie.
Alors prenons un peu de recul.

L’HAD, c’est vraiment un hôpital… mais chez vous
Imaginez une mini-organisation hospitalière qui débarque à la maison : un médecin coordonnateur, des infirmiers, parfois un kiné, un(e) psychologue, un(e) assistant(e) social(e). Tout ce petit monde discute ensemble de votre état de santé, planifie des visites, suit votre évolution au jour le jour.
C’est ça, l’HAD (Hospitalisation à Domicile).
Quand on la propose ?
- Une perfusion d’antibiotiques 4 fois par jour (et on ne peut pas rester 15 jours à l’hôpital pour ça).
- Un pansement complexe qui demande une vraie expertise.
- Un suivi de fin de vie où on veut éviter une fin de parcours en service hospitalier impersonnel.
- Un retour de chirurgie lourde où il faut un œil médical quotidien.
L’état d’esprit
L’HAD, c’est “l’hôpital qui se déplace chez vous”. Avec ses avantages (moins de bruit, plus d’intimité, le lit à soi) et ses contraintes (passages fréquents, planning serré, téléphone qui sonne à toute heure).
On ne choisit pas une HAD comme on choisirait un prestataire : c’est une prescription médicale et une organisation validée par une structure de santé autorisée par l’ARS (Agence Régionale de Santé). Le personnel de l’HAD coordonne mais réalise aussi les soins (sauf exception). C’est souvent pour les patients plus « complexes » qu’elle est sollicitée.
Le PSAD, un autre métier, une autre logique
PSAD : Prestataire de Santé À Domicile. Là, on change de monde.
Pas de médecin salarié, pas de réunion d’équipe tous les matins. Le PSAD, c’est un acteur technique et logistique.
Concrètement, que font-ils ?
- Ils fournissent du matériel médical (oxygène, pompe à insuline, nutrition parentérale ou entérale, perfusions chroniques…).
- Ils expliquent son fonctionnement au patient et aux infirmiers libéraux qui vont l’utiliser.
- Ils font la maintenance, assurent un dépannage en cas de panne, livrent les consommables.
- Et souvent, ils donnent un numéro à appeler en cas de problème technique.
L’esprit du PSAD
C’est une logique de confort et de sécurité technique, pas de coordination médicale complète. Ils ne remplacent pas un service hospitalier, ils viennent plutôt compléter une prescription. Exemple : un patient BPCO qui rentre chez lui avec de l’oxygène ou une personne nourrie par sonde : le PSAD installe, explique, et revient vérifier régulièrement que tout va bien. Et il peut le faire vite, notamment quand une sortie en 24 h doit être réalisé.
Points communs… qui brouillent tout
Et c’est là que ça se mélange :
- Les deux passent au domicile du patient.
- Les deux peuvent installer du matériel médical.
- Les deux sont déclenchés après une prescription médicale.
- Les deux font parfois appel à des infirmiers libéraux pour exécuter une partie des soins.
Résultat : dans la tête du patient ou de sa famille, tout ça semble identique. Mais la réalité est différente : l’HAD coordonne une prise en charge globale ; le PSAD fournit une solution technique précise.
Et sur le terrain, ça donne quoi ?
Prenons deux exemples.
Exemple 1 : Jacques, 72 ans, infection osseuse après une prothèse de genou.
- Traitement antibiotique IV pendant 6 semaines.
- L’hôpital prescrit une HAD car il faut plusieurs perfusions par jour, une surveillance médicale quotidienne, une adaptation régulière du traitement.
Exemple 2 : Sophie, 40 ans, maladie chronique nécessitant une nutrition parentérale la nuit.
- Le médecin prescrit un PSAD pour la pompe et les poches de nutrition.
- L’infirmière libérale du quartier gère les branchements et surveille.
- Le PSAD passe régulièrement pour effectuer un suivi et éventuellement pour l’entretien du matériel et reste joignable 24h/24 en cas de panne technique.
Ces deux situations se déroulent à domicile, avec perfusion et matériel… mais l’organisation et l’intensité du suivi n’ont rien à voir.
Alors, comment savoir ?
Posez-vous trois questions :
- Y a-t-il un médecin de l’HAD qui me suit et coordonne tout ? Oui ? → c’est de l’HAD.
- S’agit-il d’un dispositif technique précis (oxygène, pompe, perfusion simple) ? → ça sent le PSAD.
- Qui fait les soins ? Si ce sont uniquement des infirmiers libéraux habituels, c’est probablement du PSAD (sauf exception).
HAD et PSAD peuvent-ils coexister ?
Oui ! Parfois, un patient a les deux en même temps : une HAD pour gérer un pansement complexe et un PSAD pour la nutrition parentérale. Ou un suivi de cancer : HAD pour la chimio à domicile, PSAD pour la pompe et les consommables.
C’est là qu’on réalise que la frontière est parfois floue : chacun fait sa part, mais la logique reste différente :
- L’HAD est médicale, coordonnée, temporaire.
- Le PSAD est technique, logistique, souvent au long cours.
Ce que les patients en disent (et que personne n’écrit jamais)
Les familles adorent la souplesse du PSAD : moins de monde qui défile à la maison, un rythme plus “normal”. Mais elles peuvent aussi se sentir un peu seules, surtout la nuit quand un problème survient et que l’infirmière libérale n’est pas là.
L’HAD rassure car on se sent entouré, mais certains trouvent ça lourd, intrusif : “On n’est plus chez nous, on est à l’hôpital mais sans sortir du salon.”
Bref, ce n’est pas qu’une question technique, c’est aussi un ressenti, un confort de vie. Et ça compte.
Conclusion
L’HAD et le PSAD ont un point commun essentiel : permettre de rester chez soi tout en recevant des soins.
Mais ce sont deux mondes différents :
- HAD : un vrai service hospitalier coordonné, temporaire, intensif. Coordination de l’ensemble de la prise en charge, réalisation des soins et équipe pluridisciplinaire qui intervient au domicile du patient. L’hôpital à la maison avec un médecin salarié.
- PSAD : Les soins ne sont pas réalisé par le PSAD, qui assure la coordination et le bon déroulement des soins à domicile en faisant appel à la pharmacie et l’infirmière du patient. Astreinte technique du matériel.
La prochaine fois qu’un médecin ou une infirmière parlera de “mise en place à domicile”, osez demander : “On parle d’une HAD ou d’un PSAD ?”. Parce que comprendre qui fait quoi, c’est déjà une partie de la sérénité retrouvée.
FAQ HAD ou PSAD
C’est le médecin hospitalier ou traitant, en lien avec la structure HAD.
Non, il coordonne l’ensemble des soins mais ne les réalise pas
Oui, dans certaines situations complexes. Ou quand le PSAD fournit le matériel à l’HAD.
Les deux sont pris en charge par l’Assurance Maladie (selon la prescription).