Quitter l’hôpital, c’est souvent une délivrance. On retrouve son lit, sa cuisine, son animal de compagnie. Et pourtant, organiser un retour à domicile demande bien plus qu’un simple bon de sortie. Il ne s’agit pas seulement de franchir une porte, mais de sécuriser un quotidien, d’éviter une rechute, de maintenir l’élan de la convalescence.
Sans préparation, ce moment peut vite devenir une épreuve : matériel manquant, soins non assurés, fatigue mal anticipée, solitude pesante. Ce n’est pas le bon vouloir qui fait tout, c’est l’anticipation.
Alors comment bien s’y prendre ? Qui appeler, quoi prévoir, à quel moment agir ? Voici une feuille de route claire, accessible et humaine pour que ce retour ne soit pas un saut dans l’inconnu.

Comprendre les besoins avant même la sortie
Tout commence en amont, encore à l’hôpital. Une sortie précipitée sans coordination peut mener tout droit à la réhospitalisation. Le premier réflexe, c’est d’ouvrir le dialogue avec l’équipe soignante.
Posez les bonnes questions :
- La personne pourra-t-elle marcher seule ?
- Aura-t-elle besoin d’aide pour les repas, la toilette, les déplacements ?
- Y a-t-il des soins infirmiers à prévoir ? De la rééducation ?
- Le logement est-il adapté à la situation temporaire (ou durable) ?
En fonction des réponses, vous pourrez préparer un retour cohérent, sans zones d’ombre. C’est aussi le moment d’envisager un passage en SSR (Soins de Suite et Réadaptation) si le retour à domicile semble trop prématuré.
Coordonner les soins infirmiers et la rééducation
L’un des piliers d’un retour réussi, c’est la mise en place rapide et fluide des soins à domicile. Cela suppose une chose : que les ordonnances soient claires, complètes, et transmises à temps.
Anticipez :
- Le contact avec l’infirmier·e libéral·e (et non pas une fois à la maison)
- La planification des passages pour pansements, injections, perfusions…
- Le lien avec un·e kiné à domicile, ou en cabinet dès que possible
Une journée sans soins est une journée perdue dans le processus de récupération. Le rôle du médecin traitant est aussi essentiel pour assurer la continuité, surtout après un séjour hospitalier long ou technique.
Faire livrer et installer le matériel médical
Si le retour nécessite un lit médicalisé, un déambulateur, une perfusion ou des aides techniques, ne vous dites pas « on verra à la sortie ». C’est justement là que tout peut déraper.
Ce matériel peut être :
- Prescrit par le médecin hospitalier
- Commandé via un PSAD (prestataire de santé à domicile)
- Parfois fourni par une pharmacie locale
Le PSAD coordonne souvent la livraison, l’installation et même la maintenance. Mais attention : cela prend parfois 24 à 48h. Il faut donc anticiper.
Un lit trop bas, des escaliers sans rampe, une salle de bain inaccessible… Ce sont autant de freins au retour, mais aussi de risques réels de rechute ou de chute. Une visite d’un·e ergothérapeute peut aider à identifier les points à sécuriser.
Adapter le logement, même temporairement
Pas besoin de transformer le domicile en hôpital. Mais il est essentiel de le rendre praticable et sécurisant dans les premiers jours.
Quelques pistes concrètes :
- Installer un lit provisoire au rez-de-chaussée
- Retirer les tapis ou obstacles au sol
- Prévoir un fauteuil stable et confortable
- Ajouter un éclairage de nuit
- Mettre en place des barres d’appui dans les toilettes ou la douche
L’ergonomie du quotidien fait souvent toute la différence. Même une petite marche à franchir peut devenir un obstacle si la personne est fatiguée ou douloureuse. Agir là-dessus en amont, c’est prévenir une nouvelle hospitalisation. Parfois, seulement des petits travaux sont nécessaires.
Solliciter les bonnes aides humaines
Le retour à domicile ne doit pas reposer uniquement sur les proches. Même motivés, même disponibles, ils ne peuvent pas tout faire : préparer les repas, aider à la toilette, porter les charges, coordonner les soins…
Heureusement, il existe des solutions :
- Aide à domicile via l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie)
- Services de retour d’hospitalisation proposés par les caisses de retraite
- Mutuelles qui couvrent parfois quelques heures de soutien
- Associations locales d’aide aux personnes âgées ou en perte d’autonomie
Il faut oser faire ces démarches. Ce n’est pas “profiter du système”, c’est éviter que la situation dégénère pour tout le monde.
Ne pas oublier le transport, les documents, les RDV
Souvent négligée, la logistique administrative est une source majeure de stress au retour.
Checklist de base :
- Transport prévu (ambulance, VSL ou taxi conventionné) avec prescription
- Ordonnances imprimées et lisibles
- Compte-rendu d’hospitalisation remis au patient ou au médecin traitant
- Arrêt de travail, feuille de soins, carte Vitale à jour
- Rendez-vous médicaux à venir (chirurgien, médecin traitant, examens…)
Il est possible de regrouper ces documents dans une pochette simple à conserver à portée de main. Cela évite les appels paniqués deux jours après la sortie.
Accompagner aussi le moral, pas seulement le corps
Après une hospitalisation, surtout si elle a été longue ou brutale, le choc psychologique peut être réel. Fatigue extrême, peur de rechute, perte de repères, isolement… Même si le corps va mieux, l’esprit peut traîner.
Le retour à domicile peut réveiller des angoisses : “Et si je retombe ?”, “Je vais gêner mes enfants”, “Je n’y arriverai pas seul·e”.
C’est là que l’entourage joue un rôle fondamental. Mais si le mal-être persiste, il ne faut pas hésiter à en parler. Le médecin traitant peut proposer un soutien psychologique, un passage d’infirmier en pratique avancée, ou orienter vers une équipe mobile de gériatrie.
Rester à l’écoute, c’est aussi une façon de prendre soin.
Et si le retour ne se passe pas comme prévu ?
Malgré toutes les précautions, il arrive que des imprévus surviennent :
- L’infirmier ne peut pas venir
- Le matériel tarde à être livré
- La personne est plus dépendante que prévu
- Une fièvre, une douleur, une chute…
Dans ce cas, pas de panique. Il existe des relais :
- Le médecin traitant peut réévaluer la situation
- L’hôpital reste joignable dans les jours suivant la sortie
- Le PSAD ou la pharmacie peuvent être contactés pour ajuster le matériel
- Une admission temporaire en SSR peut être réenvisagée
L’important est de réagir vite, de ne pas laisser s’installer un malaise ou une difficulté. Un retour à domicile peut être réajusté. Ce n’est pas un échec, c’est une adaptation.
Conclusion : un retour réussi, c’est un retour accompagné
Organiser un retour à domicile, ce n’est pas cocher une case sur une feuille de sortie. C’est prendre le temps de penser aux besoins réels, aux contraintes du quotidien, aux personnes qui entourent le patient.
Avec un peu d’anticipation, les bons interlocuteurs, et un cadre bienveillant, le retour à la maison peut devenir un levier de récupération, et non un facteur de rechute.
Et si tout ne se passe pas comme prévu, c’est normal. Ce qui compte, c’est de rester vigilant, souple… et humain.
FAQ
En théorie, c’est l’équipe hospitalière. En pratique, ce sont souvent les proches, en lien avec les infirmiers, le médecin traitant et les prestataires à domicile.
Pas toujours. Mais un PSAD peut faciliter la coordination des soins et la livraison du matériel. Sinon, la pharmacie ou les infirmiers s’en occupent.
Oui, si la personne est autonome. Mais en cas de fragilité ou d’absence de proches, une aide temporaire peut faire toute la différence.
Le médecin hospitalier à la sortie, ou le médecin traitant s’il prend le relais. La prescription doit être claire et complète pour être prise en charge.
Il faut contacter rapidement le médecin, l’hôpital, le PSAD ou l’infirmier. En cas d’urgence, les services hospitaliers restent joignables quelques jours après la sortie.