Sortir de l’hôpital avec une stomie (digestive ou urinaire), c’est toujours un choc. Une poche sur l’abdomen, un corps qui ne fonctionne plus comme avant, et des gestes quotidiens qui changent radicalement. Le patient stomisé n’est pas seulement confronté à un dispositif médical : il doit réapprendre à vivre avec une nouvelle image de lui-même.
Le retour à domicile, c’est le moment où tout bascule. L’hôpital sécurise, encadre, rassure. Chez soi, on se retrouve face au miroir, face aux proches, face à sa propre estime de soi. Et c’est là que le rôle des PSAD (prestataires de santé à domicile), des pharmacies, mais aussi des soignants de proximité prend toute son importance.
Vivre avec une stomie : un choc psychologique avant tout
On pense souvent au côté technique : vider la poche, changer la plaque, surveiller les fuites. Mais le plus dur, c’est souvent le poids psychologique.
- Chez les jeunes, la stomie touche à l’image corporelle, à la sexualité, à la peur du rejet. “Comment vais-je plaire avec une poche ?” est une question fréquente.
- Chez les personnes âgées, c’est davantage une remise en question de l’autonomie : peur de dépendre, peur de gêner, peur d’être “sale”.
- Chez les adultes actifs, c’est la crainte du regard professionnel et social : reprendre le travail, voyager, sortir au restaurant devient une épreuve.
La stomie est visible pour soi-même, parfois pour les autres. Et cette visibilité peut abîmer l’estime de soi si elle n’est pas accompagnée.
Le rôle du PSAD : accompagner, former, rassurer
Le PSAD est souvent le premier maillon après l’hôpital. Son rôle ?
- Livrer le matériel (poche, plaques, accessoires adaptés).
- Former le patient et/ou ses proches à la manipulation.
- Rassurer sur les gestes du quotidien.
- Adapter le type de matériel selon la morphologie, les habitudes, le style de vie.
Le PSAD, ce n’est pas “juste une livraison”. C’est un accompagnement continu, avec une écoute. Un bon prestataire prend le temps de montrer, de répéter, d’anticiper les difficultés. Il devient un repère dans un moment de grande fragilité.
Le rôle de la pharmacie : présence et proximité
La pharmacie d’officine a aussi un rôle clé :
- Être le point de relais pour les réassorts de matériel.
- Répondre aux questions simples entre deux livraisons.
- Maintenir le lien humain : le pharmacien est souvent la première personne que le patient ose questionner.
Mais la différence est nette :
- Le PSAD accompagne techniquement et humainement, avec du temps et une expertise spécifique.
- La pharmacie assure la proximité et la disponibilité immédiate.
Idéalement, les deux travaillent main dans la main, pour que le patient stomisé n’ait jamais l’impression d’être seul.
L’acceptation de la stomie : un chemin personnel
Accepter une stomie ne se fait pas en un jour. Il y a souvent des étapes, proches d’un deuil :
- Le choc : “Pourquoi moi ?”
- Le rejet : refus de voir ou de toucher la poche.
- L’adaptation : premiers gestes, premières sorties avec appréhension.
- L’acceptation : quand la stomie devient une partie de soi, non plus un obstacle mais une nouvelle normalité.
Le rôle des soignants est d’accompagner sans forcer. Certains patients mettent quelques semaines, d’autres plusieurs mois. Et parfois, c’est l’entourage qui a besoin d’aide pour accepter cette nouvelle réalité.
Estime de soi et vie sociale
La stomie peut fragiliser l’estime de soi. Les patients redoutent les odeurs, les fuites, les bruits. Beaucoup évitent les repas collectifs, les transports, la piscine. Or, plus ils s’isolent, plus l’image négative d’eux-mêmes grandit.
L’accompagnement passe aussi par la réassurance : montrer qu’il existe des poches discrètes, des filtres anti-odeurs, des vêtements adaptés. Encourager à reprendre une vie sociale progressive. Rappeler que la stomie n’empêche ni les voyages, ni l’intimité, ni les projets.
Conclusion : un retour à domicile qui se construit à plusieurs
Le patient stomisé n’est jamais seul, même s’il a parfois cette impression. L’hôpital initie la prise en charge, mais c’est à domicile que tout se joue. Le PSAD soutient, forme, rassure. La pharmacie assure la proximité et le relais. Les soignants (IDE, médecin traitant) veillent à la continuité médicale.
L’acceptation est un chemin personnel, fait de doutes et de petites victoires. Mais avec le bon accompagnement, la stomie cesse d’être un stigmate pour devenir une partie de soi, compatible avec une vie digne et pleine.
Invisible pour les autres, mais centrale pour le patient, la stomie est un défi. Et chaque sourire retrouvé après un retour à domicile prouve qu’il peut être relevé.




