Garder une perfusion à la maison est aujourd’hui une pratique courante, encadrée et sécurisée. Elle permet d’éviter des séjours prolongés à l’hôpital, tout en maintenant un suivi médical rigoureux. Ce dispositif s’adresse à des patients de tout âge : après une chirurgie, lors d’un traitement prolongé par antibiotiques, d’une nutrition parentérale ou d’un apport hydrique.
Mais cette prise en charge ne s’improvise pas. Elle repose sur une coordination précise entre le médecin, l’infirmier(ère), le pharmacien et souvent un prestataire de santé à domicile et/ou l’HAD. L’objectif est double : garantir la continuité du traitement et préserver la qualité de vie au quotidien.
Si vous vous interrogez sur la faisabilité d’une perfusion à domicile pour vous-même ou un proche, il est essentiel de connaître les conditions, les rôles de chacun et les précautions à respecter.
Comprendre le principe de la perfusion à domicile
À quoi sert une perfusion ?
Une perfusion consiste à administrer un médicament, un soluté ou un nutriment directement dans la circulation sanguine. À domicile, elle est utilisée pour poursuivre un traitement initié à l’hôpital, souvent dans le cadre d’une hospitalisation à domicile (HAD) ou d’un suivi prescrit par un médecin.
Ce mode d’administration permet une action rapide et contrôlée, tout en évitant des passages répétés en établissement de santé. On le retrouve par exemple dans les traitements antibiotiques de longue durée ou les perfusions d’hydratation chez des patients fragiles.
Les situations médicales concernées
Les indications les plus fréquentes sont :
- infections nécessitant des antibiotiques intraveineux,
- traitements antalgiques continus ou post opératoire,
- nutrition parentérale,
- réhydratation chez la personne âgée,
- soins palliatifs nécessitant un confort optimal.
Chaque indication est strictement encadrée par une prescription médicale et fait l’objet d’une surveillance rapprochée.
Les conditions nécessaires avant toute mise en place
La prescription et la coordination médicale
La perfusion à domicile ne peut être réalisée qu’après une évaluation médicale complète. Le médecin traitant ou hospitalier rédige la prescription, précisant le produit, la durée, le débit et la voie d’administration.
Une coordination est ensuite assurée avec l’équipe infirmière et, si besoin, un prestataire spécialisé. Cette phase préparatoire garantit la sécurité du patient et la faisabilité technique du soin au domicile.
L’évaluation du domicile et de l’entourage
Le logement doit permettre une hygiène correcte, un espace suffisant pour installer le matériel et une gestion sûre des déchets. L’environnement familial joue aussi un rôle : la présence d’un aidant peut faciliter la surveillance quotidienne, surtout en cas de traitement long ou complexe.
Les professionnels s’assurent également que le patient comprend les consignes et sait repérer les signes d’alerte (fièvre, douleur, fuite au point de ponction).
Le rôle des professionnels de santé impliqués
L’infirmier(ère) libéral(e)
C’est la personne clé du dispositif. L’infirmier(ère) assure la pose, le changement et la surveillance de la perfusion. Il ou elle vérifie l’intégrité du dispositif, la tolérance du patient et la bonne administration du traitement.
En cas de problème, c’est souvent le premier professionnel à intervenir et à alerter le médecin prescripteur.
Le médecin traitant et le pharmacien
Le médecin reste responsable du suivi médical global. Il ajuste la prescription selon l’évolution de l’état du patient. Le pharmacien, de son côté, prépare les poches, fournit le matériel stérile et contrôle la compatibilité des produits administrés.
Le prestataire de santé à domicile (PSAD)
Dans la majorité des cas, un prestataire agréé assure la livraison, l’entretien du matériel (pompe, pied à perfusion, tubulures) et parfois la maintenance technique. Il joue un rôle essentiel dans la continuité du soin et la traçabilité du matériel utilisé.
Le quotidien avec une perfusion à domicile
Hygiène, sécurité et gestes de base
Une hygiène rigoureuse est indispensable. Par exemple, le lavage des mains avant toute manipulation.
Les familles rapportent souvent qu’au bout de quelques jours, ces gestes deviennent une routine rassurante. Toutefois, il est toujours recommandé de laisser les manipulations techniques aux professionnels.
Surveillance des effets indésirables
Rougeur, douleur, gonflement ou fièvre doivent alerter. Ces signes peuvent révéler une infection ou une mauvaise tolérance. L’infirmier(ère) évalue la situation à chaque passage et consigne les observations dans le dossier de soins.
En cas de doute, il est préférable de contacter immédiatement le professionnel référent.
L’organisation pratique et matérielle
Le matériel nécessaire
Une perfusion à domicile requiert un matériel spécifique : support (pied ou pompe), tubulures, pansements, gants, antiseptiques et dispositifs d’élimination sécurisés. Ce matériel est fourni et entretenu par le prestataire ou la pharmacie partenaire.
Les règles de stockage et d’élimination
Les produits doivent être conservés à température adaptée, à l’abri de la lumière et hors de portée des enfants. Les déchets (aiguilles, seringues, tubulures) sont collectés dans des boîtes sécurisées, reprises par le prestataire ou déposées en pharmacie.
Ce protocole garantit une parfaite traçabilité et évite tout risque infectieux secondaire.
Coût et prise en charge de la perfusion à domicile
Les soins infirmiers et le matériel sont, dans la plupart des cas, pris en charge par l’Assurance maladie. La prescription médicale et les justificatifs fournis par le médecin traitant sont indispensables.
Le patient peut avoir à avancer certains frais selon le mode de délivrance (officine, PSAD, HAD). Les mutuelles complètent généralement la part non remboursée.
Certaines structures d’hospitalisation à domicile intègrent directement la perfusion dans leur forfait global, évitant ainsi toute avance de frais.
Quand faut-il réévaluer ou interrompre la perfusion ?
Une perfusion n’est jamais prévue pour une durée indéterminée. Elle doit être réévaluée régulièrement. Le médecin ajuste la prescription en fonction de la tolérance, des résultats biologiques ou de la guérison.
Dans certaines situations, la perfusion peut être remplacée par un traitement oral dès que possible, pour simplifier la vie quotidienne.
En revanche, si la perfusion s’avère indispensable à long terme (nutrition parentérale, soins palliatifs), une adaptation du matériel et de l’organisation sera proposée pour favoriser le confort.
Conclusion
Garder une perfusion à la maison est tout à fait possible, à condition d’un encadrement médical strict et d’une organisation claire. Cette solution offre un réel bénéfice en termes de confort et d’autonomie, tout en maintenant la sécurité du soin.
Chaque situation est unique : certains patients n’auront besoin que de quelques jours de traitement, d’autres d’un suivi plus prolongé. L’essentiel est de ne jamais rester seul face aux doutes. Les professionnels de santé, les prestataires et les services d’aide sont là pour accompagner chaque étape.
👉 Si vous envisagez une perfusion à domicile parce que vous avez envie de rentrer chez vous (Ce qui est tout à fait normal), parlez-en avec votre médecin. Il pourra évaluer votre situation, coordonner les intervenants et vous orienter vers les bons dispositifs.




